Histoire

Histoire des juifs de Corse

L’histoire des Juifs en Corse commence en l’an 800, lorsque plusieurs immigrations juives se sont produites. Au cours des siècles, ils sont venus d’Égypte, de plusieurs villes d’Italie et de Palestine.

Antiquité

Après la chute de Jérusalem en 70 après J.-C., l’historien romain Suétone indique que l’empereur Tibère aurait déporté des milliers de Juifs en Corse.

Première immigration Mizrahim

 Village de Levie en Corse-du-Sud

Autour de l’an 8001, une immigration venue d’Égypte se serait installée dans le Sud de la Corse, principalement à proximité de Levie, village situé environ à 20 km de Porto-Vecchio. Par la suite, les membres de la communauté se seraient dispersés un peu partout dans l’île en devenant partie intégrante de la population autochtone…

Immigration marrane

Au XVIe siècle, des Juifs marranes émigrent en Corse. Certains portent des noms devenus aujourd’hui célèbres : Zuccarelli, Giacobbi ou Siméoni.

Immigration de Juifs de l’Italie méridionale

Entre les années 1500 et 1530, des juifs venus de Naples et de l’Italie méridionale fuyant les persécutions, se seraient établis dans les montagnes du centre de la Corse.

Immigration des Ashkénazes de Padoue et de l’Italie du Nord

Ashkénazes de Padoue

 Nom de famille Padovani

Entre l’an 1590 et l’an 1684, les juifs ashkénazes de Padoue sont obligés de vivre dans un ghetto depuis 1516. Cette période est marquée par de multiples violences contre la communauté juive et une grande partie d’entre elle aurait décidé après ces désastreux événements d’émigrer en Corse.

Un mythe persistant veut que les habitants les nommèrent Padovani, ce qui signifie : venus de Padoue. En réalité, le nom de famille Padovani, très répandu de nos jours en Corse, est une référence au saint éponyme.

Ashkénazes de l’Italie du Nord

Le phénomène de la persécution s’est poursuivi dans le nord de l’Italie et l’immigration juive la plus connue s’est développée entre les années 1750 et 1769, lorsqu’à la fin de la domination génoise qui a duré quatre cents ans, un nombre de 5 000 à 10 000 juifs sont arrivés en Corse, principalement de Milan, Turin et Gênes, ainsi que de Padoue. Pasquale Paoli écrit le 26 juin 1760 au fils de Domenicu Rivarola, consul du Piémont à Livourne : « si les juifs voulaient s’établir parmi nous, nous leur accorderions la naturalisation et les privilèges pour se gouverner avec leurs propres lois, parlez–en à quelque rabbin accrédité ». « Paoli (passe) un accord semblable avec des entrepreneurs français au moment de la guerre de Sept ans (1756-1763), pour l’exploitation des forêts ». En 1763, Paoli qui se propose d’installer toute une colonie juive dans l’île, accède à la requête d’un juif nommé Modigliani installé parmi les premiers habitants de la cité d’Ile Rousse, de bénéficier du même droit de vote que les habitants nationaux selon la promesse du général. Il déclare : « Les Juifs ont les mêmes droits que les Corses puisqu’ils partagent le même sort ». La Première République française a ainsi accueilli les Juifs arrivés en Corse en leur reconnaissant les mêmes droits que les autres citoyens, pouvant pratiquer librement leur religion (ce qui n’était pas le cas à l’époque dans de nombreux pays).

Alors qu’auparavant, seuls les marins napolitains et autres pêchaient le corail, Paoli autorise les Juifs de Livourne à le pêcher sur les côtes corses en 1767, occasion pour lui de développer l’économie portuaire et commerciale de la Corse.

Le climat de tolérance a favorisé un grand nombre de mariages mixtes, ce qui a conduit à l’assimilation presque totale des juifs aux chrétiens.

Immigration de Palestine, de Syrie et d’Afrique du nord

Première Guerre mondiale

Pendant la Première Guerre mondiale, des familles juives de la Syrie et du Liban sous mandat français arrivent en Corse, chassés par les ravages de la campagne du Sinaï et de la Palestine que mènent les armées de l’empire ottoman et de l’empire allemand. Ils s’établissent dans les grandes villes de la côte, à Bastia et à Ajaccio où ils retrouvent quelques familles juives originaires de Livourne.

La synagogue de Bastia est fondée en 1934 dans un appartement du centre historique. Son nom, Beth Knesset Beth Meir, (en hébreu : בית כנסת בית מאיר) fait référence au rabbi Meïr, un des docteurs de la Mishna. Pendant la Seconde Guerre mondiale, alors que 80 000 soldats italiens et 15 000 Allemands occupent l’île, et que, comme ailleurs, des lettres dénoncent les Juifs, une partie des fidèles de la synagogue est internée à Asco de mai à septembre 1943. Mais aucun n’est déporté vers les camps d’extermination nazis du continent, et à la libération de la Corse par les maquisards corses aidés par les troupes italiennes du général Giovanni Magli qui ayant rejoint les alliés après l’Armistice de Cassibile, de l’Armée française de la Libération et après la libération d’Ajaccio le 8 septembre 1943, le général Giraud de son propre initiative à partir du 11 septembre 1943 envoya les Goumiers et le 1er régiment de tirailleurs marocains , le 4 octobre 1943 la Corse est libérée et les prisonniers sont libérés. Le rabbin Méir Tolédano, né en 1889 à Batia y officie de 1920 à sa mort en 1970.